lundi 17 octobre 2011

L'évaluation des personnels

Depuis un an, le ministère prépare une transformation radicale des conditions d’évaluation des enseignants. La clé de voûte du dispositif est la suppression de la double évaluation des enseignants : l’évaluation pédagogique par les corps d’inspection (6/10e de l’évaluation globale), et administrative par le chef d’établissement (les 4/10e restants). Le projet ministériel revient à remettre dans les seules mains du chef d’établissement l’ensemble de l’évaluation des enseignants.

ABSURDE ET PROVOCATEUR
Une telle évolution est absurde et de nature à transformer radicalement notre métier en privilégiant dans nos activités celles que le chef d’établissement est capable d’observer. Quel est le cœur de notre métier ? Ce qui se passe dans la classe, même si cela ne s’y résume pas. Comment un chef d’établissement sans qualification dans les disciplines enseignées pourrait-il prétendre avoir un regard pertinent sur la qualité de notre enseignement ? De deux choses, l’une : soit les chefs d’établissement se lanceront dans l’aventure de vouloir « inspecter » les enseignants dans leur classe, soit ils construiront l’ensemble de l’évaluation des enseignants sur des éléments extérieurs à ce qui se passe dans nos cours. Dans les deux cas, l’absurdité le dispute à la provocation.

LE SILENCE TACTIQUE DU MINISTÈRE
Les choix du ministère ne font aucun doute. Les textes réglementaires nécessaires à cette transformation radicale sont en cours de rédaction, pour être rendus publics... juste après les élections professionnelles. Voici la vraie raison de ce silence ministériel : le ministère ne souhaite pas qu’une telle annonce, dont il sent bien qu’elle ne peut être que rejetée par les enseignants, conduise à augmenter le score électoral du SNES qui y est très clairement opposé. On ne peut d’ailleurs qu’observer le silence du SE-UNSA et du SGEN-CFDT sur ce nouveau pouvoir exorbitant donné au chef d’établissement. L’évaluation actuelle des enseignants et son rôle sur la carrière doivent sûrement être revus ; les missions des corps d’inspection doivent être centrées sur l’aide et le conseil. Mais la direction prise en catimini par le ministère va à l’inverse des transformations nécessaires. Le SNES a ouvert une grande consultation des collègues sur la transformation de l’évaluation. Il est clair que le ministère cherche à éviter l’expression des personnels sur ce dossier. Le résultat des élections professionnelles pèsera lourd dans le rapport des forces.

Adapté depuis le site du S4.

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