Depuis un an, le ministère prépare une transformation radicale des conditions d’évaluation des enseignants.
La clé de voûte du dispositif est la suppression de la double évaluation des enseignants : l’évaluation pédagogique par les corps d’inspection (6/10e de l’évaluation globale), et administrative par le chef d’établissement (les 4/10e restants). Le projet ministériel revient à remettre dans les seules mains du chef d’établissement l’ensemble de l’évaluation des enseignants.
ABSURDE ET PROVOCATEUR
Une telle évolution est absurde et de nature à transformer radicalement notre métier en privilégiant dans nos activités celles que le chef d’établissement est capable d’observer.
Quel est le cœur de notre métier ? Ce qui se passe dans la classe, même si cela ne s’y résume pas. Comment un chef d’établissement sans qualification dans les disciplines enseignées pourrait-il prétendre avoir un regard pertinent sur la qualité de notre enseignement ?
De deux choses, l’une : soit les chefs d’établissement se lanceront dans l’aventure de vouloir « inspecter » les enseignants dans leur classe, soit ils construiront l’ensemble de l’évaluation des enseignants sur des éléments extérieurs à ce qui se passe dans nos cours. Dans les deux cas, l’absurdité le dispute à la provocation.
LE SILENCE TACTIQUE DU MINISTÈRE
Les choix du ministère ne font aucun doute. Les textes réglementaires nécessaires à cette transformation radicale sont en cours de rédaction, pour être rendus publics... juste après les élections professionnelles.
Voici la vraie raison de ce silence ministériel : le ministère ne souhaite pas qu’une telle annonce, dont il sent bien qu’elle ne peut être que rejetée par les enseignants, conduise à augmenter le score électoral du SNES qui y est très clairement opposé. On ne peut d’ailleurs qu’observer le silence du SE-UNSA et du SGEN-CFDT sur ce nouveau pouvoir exorbitant donné au chef d’établissement.
L’évaluation actuelle des enseignants et son rôle sur la carrière doivent sûrement être revus ; les missions des corps d’inspection doivent être centrées sur l’aide et le conseil. Mais la direction prise en catimini par le ministère va à l’inverse des transformations nécessaires.
Le SNES a ouvert une grande consultation des collègues sur la transformation de l’évaluation. Il est clair que le ministère cherche à éviter l’expression des personnels sur ce dossier. Le résultat des élections professionnelles pèsera lourd dans le rapport des forces.
Adapté depuis le site du S4.
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